La question de l’art à Genève

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Ce soir se tenait à la Librairie Descombes, une institution genevoise de légende, la séance de signature de

La Question de l’art à Genève- Du cosmopolitisme des Lumières au romantisme des nationalités.

Danielle Buyssens célébrait à cette occasion la fin d’un long voyage, puisque ce robuste ouvrage résulte d’une thèse soutenue à

l’Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris.

Edité à La Baconnière par Jo Cecconi ce travail important fera certainement date dans

l’historiographie locale par la mise en perspective renouvelée de la scène artistique et de la réception des arts à Genève.

Claude Lapaire, anciendirecteur du Musée d’Art et d’Histoire,

signe une élogieuse postface, qui met l’eau à la bouche de la lectrice que je vais être dès demain.

 

 

Leçon d’adieu du prof. Mauro Natale

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LA FACULTE DES LETTRES
ET
LE DEPARTEMENT D’HISTOIRE DE L’ART ET DE MUSICOLOGIE
ONT LE PLAISIR DE VOUS INVITER A LA LECON D’ADIEU
DU PROFESSEUR

Mauro Natale

IL PARLERA DU SUJET SUIVANT
FRANÇAIS EN ITALIE ET ITALIENS
EN FRANCE STRATEGIES ARTISTIQUES
AU DEBUT DU XVIe SIECLE

lundi 26 mai à 18h.15
Bâtiment des Philosophes
salle Phil I, 1er étage
22, bd des Philosophes

La leçon sera suivie d’un apéritif qui commencera à
19h. 15
 

Sir Norman Foster: un salutaire regard étranger

43042132.jpgOn pouvait lire dans les quotidiens locaux il y a de cela quelques semaines, que Sir Norman Foster, nouveau seigneur du château de Vincy (Vaud), s’inquiétait pour l’avenir des paysages lémaniques et particulièrement genevois. [Le blog Metropolgeneve édité par la Tribune a repris l’interview publiée par 24 Heures]

Formé à l’Ecole d’Architecture de l’Université de Manchester, puis à Yale, il crée le Team 4, avec Richard Rogers notamment, avant d’ouvrir sa propre agence, Foster’s Associates à Londres en 1967. Connu pour une production résolument inscrite dans le XXe siècle, l’auteur de la reconstruction du Parlement allemand dans l’ancien Reichstag de Berlin et du viaduc de Millau, médaillé et internationalement reconnu, exprime publiquement ses craintes quant à l’urbanisation galopante et pas toujours concertée des pourtours du lac Léman, une des régions idylliques au monde, ce qu’oublient trop fréquemment les habitants qui fréquentent quotidiennement ce paradis, pas encore tout à fait perdu!

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Recherche bénévoles parlant tchèque, portuguais et turc pour Open Culture

Recherchons bénévoles parlant tchèque, turc et portuguais pour prêter main forte au projet Open Culture.

Merci de vos offres de disponibilité à l’adresse suivante:

leila.el-wakil@lettres.unige.ch 

 « Open Culture »

Euro 2008

Projet émanant de la formation continue « Patrimoine et Tourisme »

Université de Genève

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Colloque Tony Garnier en contexte (1899-1914)

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Un colloque consacré à Tony Garnier se tiendra vendredi 16 mai dans la salle B101

(bâtiment UniBastions) de 10h00 à  17h00.

Ce colloque international accompagne une exposition qui se tient dans le hall d’UniDufour

(2 – 23 mai).

La manifestation est ouverte à toute personne que le sujet intéresse

 

 

 

TONY GARNIER EN CONTEXTE (1899-1914)

 

Colloque international organisé par la

Faculté des Lettres de Genève

(Unité d’histoire de l’art)

et la

Fondation Braillard Architectes

à Genève, le 16 mai 2008

 

10h 00 – accueil des participants ; présentation du colloque.

 

10h 15 Pierre VAISSE, professeur honoraire d’histoire de l’art (Université de Genève) :

              Tony Garnier, l’homme et l’œuvre : les problèmes de la recherche.

 

10h 45 – Dominique BERTIN, maître de conférences d’histoire de l’art (Université de Lyon2) :

              Les villas du Parc de la Tête d’or.

 

11h 30 – Leïla EL-WAKIL, maître d’enseignement et de recherche (Université de Genève) :

              De l’architecture des abattoirs vers 1850 aux abattoirs de La Mouche.

 

 

14h 00 – Pierre-Louis LAGET, conservateur du patrimoine, Direction régionales des affaires culturelles

               (région Nord – Pas-de-Calais) :

            L’exacerbation paradoxale du système pavillonnaire après la découverte des microbes :

            les antécédents de Grange-Blanche.

 

14h 45 – Jean-Michel LENIAUD, directeur d’étude à l’École Pratique des Hautes Études,

               professeur à l’École des Chartes (Paris) :

            Entre autres énigmes de la Cité industrielle.

 

15h 30 – Chantal BARTOLINI-DERIAZ, historienne de l’art (Genève) :

              Tony Garnier et l’architecture viennoise.

 

 16h 15 – Bruno VAYSSIÈRE, architecte, professeur d’urbanisme (Université de Savoie, Chambéry),

                          directeur de la Fondation Braillard Architectes (Genève) :

                 Réflexions sur la Cité industrielle et le plan de Genève de Maurice Braillard.

 

                          Avec la participation d’Elena COGATO, architecte, maître d’enseignement et de recherche à l’E.P.F.L.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Uni Bastions, salle B 101

Le cimetière anglais de Malaga

 

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Dans le quartier de Malagueta (à l’est de la ville de Malaga), un quartier de villégiature balnéaire qui s’est développé à la fin du XIXe siècle, on trouve encore, en voie de réaffectation, un ancien palace néo-mudéjar, transformé en palais de justice, un grand complexe résidentiel du début du XXe siècle d’allure classique, toujours habité. A l’arrière, ce qui au premier abord passe pour un parc un peu désordonné, entouré d’une grille envahie de bougainvilliers et d’hibiscus.

 

A l’angle sud-ouest du parc une loge d’entrée dans un style gothique victorien est gardée par deux lions sert aujourd’hui d’abri à la surveillante, une vieille lady britannique, qui tient boutique, vend des cartes postales et des citrons et fait un commentaire détaillé de l’histoire du lieu. Cette poche de verdure en broussailles est le premier cimetière britannique, édifié sur le sol espagnol en 1831, à l’intention des ressortissants britanniques et de tout pratiquant de confession autre que catholique-romaine, jusque là incinérés sur le bord de la plage. Le Consul britannique William Mark obtint en 1829 la concession de ce terrain par le gouverneur de Malaga.

 

Le terrain, en forte pente, fut aménagé comme un jardin botanique dans lequel les riverains pourraient venir se reposer: des espèces rares furent plantées. De la loge d’entrée, le chemin grimpe en direction d’une première esplanade sur laquelle prend place le « lodge-temple » (1836), de pierre rouge à colonnes doriques, dessiné dans le plus pur style palladien. De là, l’ascension continue en direction du sommet du cimetière, où gisent, parmi d’autres, les tombes couvertes de coquillages de jeunes enfants.1504831746.JPG

 

La variété des types de monuments funéraires évoque les divers styles classiques et gothiques. On trouve des obélisques, des colonnes tronquées et des urnes, des faces voilées, et les si particulières tombes recouvertes de coquillages.

 

Ce jardin des morts est à l’abandon et certains monuments sont au bord de la ruine. La luxuriante végétation méditerranéenne, qu’aucun jardinier n’a plus guère taillée depuis des décennies, envahit les allées et renverse les vieilles pierres fragiles. Le cimetière demeure cependant pour les riverains un nostalgique havre de verdure. On ne peut que souhaiter que dans la prospère ville de Malaga, qui remet vigoureusement debout son patrimoine architectural et paysager, on décide bientôt d’injecter un peu d’argent à la réhabilitation de l’exceptionnel cimetière anglais de Malaga.

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L’Egypte au Salon du Livre (Genève)

2036990479.pngL’Egypte au Salon du Livre (Genève)

L’Egypte, en tant que pays hôte d’honneur du Salon international du Livre et de la Presse de Genève 2008, occupe un important pavillon au cœur de la manifestation. On y trouve bien entendu les livres des principaux auteurs égyptiens (et pas seulement ceux de Alaa el Aswani) et on peut assister à des tables rondes qui touchent à différents sujets culturels, qui vont de la littérature aux arts visuels. Un quintet de l’orchestre de l’Opéra du Caire joue de la musique classique arabe et donne au public genevois une idée de cette forme musicale particulière, née dans la première moitié du XXe siècle. Ces différentes manifestations, accompagnées des expositions dévolues à l’art pharaonique, à l’architecture khédiviale et royale, de la projection du Culturama (diaporama de l’évolution de la civilisation égyptienne) donnent un très large aperçu de l’immémoriale histoire culturelle égyptienne à un public nombreux et intéressé.

J’ai eu le plaisir de modérer hier une table ronde consacrée à Cent d’art en Egypte, une intéressante occasion de se décentrer d’un réel nombrilisme occidental. Trois figures de l’art égyptien contemporain ont pris la parole pour évoquer les grands moments artistiques du XXe siècle : l’artiste peintre Nazli Madkour, le sculpteur et peintre Adam Henein et le critique d’art, Ahmed Selim Fouad.

Nazli Madkour, économiste de formation et artiste-peintre autodidacte, est aujourd’hui renommée aussi bien en Orient qu’en Occident. Ses tableaux, des paysages figuratifs ou expressionnistes lyriques, sont accrochés aux cimaises des musées du monde entier. Elle est l’auteur du livre sur les femmes artistes en Egypte, Women and Art in Egypt 1993 (1989). 

Ahmed Fouad Selim a joué un rôle de première importance dans la scène culturelle égyptienne de la fin du XXe siècle. Créateur notamment du Théâtre expérimental des Cent sièges (1968-1973), directeur du Centre d’art contemporain de Zamalek, rebaptisé Les Galeries d’Akhenaton, puis directeur du Musée d’art moderne égyptien, Ahmed Fouad Selim a organisé un nombre impressionnant d’expositions en Egypte et à l’étranger dès les années soixante, dont les biennales internationales du Caire (1998 à 2006). Il a aussi publié un Dictionnaire des artistes célèbres d’Egypte.

Adam Henein, sculpteur, mais aussi peintre et dessinateur égyptien de renom international, qui vient de faire l’objet d’une importante monographie (Adam Heinen, E. Al Kharrat, M. Gibson, Ismaïl, Skira, 2006), est à l’origine de la renaissance de la sculpture sur pierre en Egypte. Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Zamalek, Adam Henein reçoit une bourse pour étudier les peintures des tombes pharaoniques à Thèbes. En 1965 il décide de s’établir à Paris, où il restera jusque dans les années 90, ce qui contribue à sa renommée internationale. De retour en Egypte, il s’installe à Harraneyya, à côté du fameux centre d’artisanat Wissa Wassef. Sa collection de sculptures, des œuvres figuratives stylisées, à mi-chemin entre Mahmoud Mokhtar et Brancusi, habitent le jardin de sa propriété. A Assouan Adam Henein a créé à la fin des années 90 le Symposium international de sculpture sur granit, qui se déroule annuellement. Des artistes du monde entier sont invités à sculpter sur place l’exceptionnel granit d’Assouan.

Tous trois ont retracé le XXe siècle artistique égyptien, dans des survols qui nous ont donné un aperçu de la richesse du champ artistique contemporain. Si les arts visuels de cette époque, entre protectorat et indépendance, attendent encore une vraie approche historique, le champ de l’architecture a par contre bénéficié des très sérieuses recherches de la Française, Mercedes Volait, et des Egyptiens, Mohamed Awad et Zahi Hawas.

Dans ce contexte l’architecture khédiviale et royale égyptienne, une vraie architecture cosmopolite, fait l’objet d’une exposition organisée par l’Université de Genève (Unité d’histoire de l’art), dans le cadre du pavillon égyptien. On peut y voir quelques unes de ces productions d’une richesse inouïe, qui font du Caire, dans les quartiers de Wast el Balad (centre ville), Zamalek, Garden City, Maadi et Héliopolis, une ville comparable aux capitales européennes qu’étaient Paris ou Londres au même moment.

Pionnier égyptien du développement durable: l’architecte Hassan Fathy

500457809.JPGPionnier égyptien du développement durable, Hassan Fathy (1900-1989) a été célébré dans le monde entier de son vivant. Persuadé qu’il fallait offrir au peuple égyptien des maisons bon marché et adaptées au climat, faites dans la technologie traditionnelle de la brique crue (tub il ahdar), il construisit dès la fin des années 1940′ un village situé sur la rive ouest de Louxor, le Nouveau Gourna. Ce village-modèle de terre aux lignes d’une grande modernité ne fut jamais achevé; une vingtaine d’années plus tard Hassan Fathy publia le récit de cette expérience dans un ouvrage qui fit le tour de la planète et fut traduit dans plusieurs langues. Le titre français de cet ouvrage est Construire avec le peuple (1971).

Fathy fait état de la nécessité de revenir aux matériaux traditionnels pour des raisons économiques et climatiques; il explique sa redécouverte de la technologie de la terre crue, décrit comment il implique les Gournis dans le dessin de ce nouveau village selon les usages de leurs tribus et à leurs mesures, comment il leur apprend avec l’aide de maîtres-maçons nubiens la fabrication et la mise en oeuvre des briques séchées au soleil. Parce que « si un homme ne peut pas construire seul une maison, dix hommes ensemble peuvent faire dix maisons ».

Le village devait donner de la dignité à ses habitants. Il devait être le lieu de la résurgence des savoir-faire artisanaux traditionnels, dont la vente pouvait procurer des revenus supplémentaires. Les enfants disposaient d’une grande et belle école. Il y avait même un théâtre pour les représentations de spectacles à but pédagogique et une aire de jeux pour les divertissements folkloriques. Un marché pour les produits artisanaux sur la place centrale et un marché pour les denrées agricoles près de l’entrée principale constituaient les deux pôles économiques du village. Chaque maison était spacieuse, clairement organisée, et propre à héberger le bétail de chacune des familles.

De toutes ces dispositions, si pleines de mérite et si avant-gardistes du point de vue écologique, il ne reste que lambeaux. Certes la mosquée, restaurée, se dresse toujours sur la place centrale, accompagnée, non loin de là, du bâtiment du théâtre, qui a aussi fait l’objet de soins. Le khan des produits artisanaux et les halles du marché aux bestiaux menacent ruine, de même que plusieurs maisons. L’école des garçons, parmi d’autres bâtiments, a été détruite.

Les développements récents de Louxor et le manque de protection de ce patrimoine, aussi fragile qu’emblématique, ont suscité l’émotion de nombreux architectes et scientifiques; une association internationale s’est créée en février 2008 à Genève sous le nom SAVE THE HERITAGE OF HASSAN FATHY (voir http://fathyheritage.over-blog.com). L’adhésion des spécialistes internationaux de l’architecture de terre, le soutien de nombreuses personalités internationales et égyptiennes donnent à espérer que Nouveau Gourna pourra être préservé et restauré pour continuer de témoigner d’une éthique sans faille et d’une pensée architecturale juste.  

Architecture: faut-il classer la cité du Lignon?

1848822440.jpgLe Lignon, cité pour 10.000 habitants, la cité des cités dans la Genève des années 1960′, tout au bout de la ligne du bus 7 de l’époque, si loin de Genève … On y allait en excursion le jeudi après-midi, comme on allait à Meyrin, autre cité nouvelle avec son centre commercial, sa succursale de l’Uniprix de l’époque et sa Migros toute moderne. Un peu d’Amérique avec ses immeubles-barres, ses gratte-ciel s’offrait à nous dans la périphérie de la vieille Genève! La nouvelle ville-dortoir du Lignon souleva l’étonnement puis l’effroi: deux tours inatteignables par les échelles de pompiers, un bâtiment unique zigzaguant sur un peu plus d’un kilomètre de longueur. Le tout bâti dans un site naturel exceptionnel, offensant le regard des habitants de la zone villas située en contrebas.

Une vieille tante expropriée de sa villa de La Chapelle sur Pinchat, à l’emplacement de laquelle se construirait le bâtiment des TPG au Bachet de Pesay, emménagea un beau jour dans la grande tour du Lignon. Toute la famille se transporta  avec curiosité pour visiter les lieux. Contre toute attente l’appartement était bien distribué, la vue grandiose et il y avait une piscine sur le toit … Cet ancrage familial de même qu’une suppléance assurée quelques années plus tard dans le cycle d’orientation du Renard, à proximité immédiate de ladite cité, me procurèrent maintes occasions de revenir au Lignon. 

Je me rappelle encore la visite que nous fîmes au Lignon en compagnie de Maurice Besset, un de nos professeurs d’histoire de l’art. Un architecte, peut-être Addor ou Julliard, nous attendait pour nous faire visiter un appartement-témoin de la barre d’un kilomètre de long et nous expliquer le parti urbanistique et architectural, le projet massé n’occupant qu’à peine 10% du paysage arboré, la préfabrication, les appartements traversants, les façades verre et alu. Puis il conclut en disant que l’amortissement avait été prévu sur 50 ans.  Et je me souviens encore de m’être demandé si cela signifiait que les bâtiments pouvaient ensuite être bons à jeter, à l’ère de la toute nouvelle société de consommation, celle des bas nylon, qui filaient si vite! 

Or, à l’heure du développement durable, chacun sait que les bâtiments ne sont pas des biens de consommation périssables, qu’ils doivent être considérés comme des ressources, qu’avant d’envisager les démolir on doit se poser la question de leur survie et de leur adaptation. Très décrié et accusé injustement de trop de maux par certains, le Lignon fut pourtant considéré par les autorités et une majorité d’usagers comme la juste réponse aux problèmes de logement dans les années ’60. L’ensemble continue de remplir pleinement cette fonction et pour cette seule raison il mérite d’être entretenu avec respect, dans l’esprit de ses concepteurs. Le classement, mesure de protection extrême, inventée au XIXe siècle pour  sauver des monuments, n’est sans doute pas la plus adéquate des mesures pour protéger le plus grand projet résidentiel jamais construit à Genève. Il semble malheureusement que l’arsenal légal en vigueur ne laisse toutefois pas beaucoup d’autre choix!  

 

 

 

 

L’Uni prend l’eau

304226717.jpgVous me permettrez d’ajouter un petit couplet au chapitre de l’entretien des bâtiments publics, d’un bâtiment de l’état en l’occurrence, d’un bâtiment universitaire. L’ancienne Ecole de Chimie, construite à la fin des années 1870 par les architectes Henri Bourrit et Jacques Simmler, le même tandem qui réalisera l’Ecole des Arts industriels, puis décoratifs (actuelle HES Arts visuels) un peu plus tôt. Le bâtiment de l’Ecole de Chimie fut conçu comme un palais dans la tradition de l’architecture fédérale « à la Semper », inaugurée en Suisse avec les bâtiments de l’EPFZ. Le budget de l’époque se monta à près d’un million de francs dont la moitié fut prélevée sur le legs récent du duc de Brunswick.

La mémoire des hauts faits architecturaux est malheureusement courte. Dans les années 1980 la chimie déménagea dans le bâtiment de Sciences II et l’Ecole de Chimie fut abandonnée. On songea même, dans les années 1960, à la démolir sur l’autel de la circulation automobile. Il n’en fut rien: le palais florentin de la chimie genevoise se maintint. Derrière sa belle façade en molasse verte à bossage et refends, exhibant savamment des réminiscences renaissantes, l’édifice demeura quelque temps vide. Jusqu’à ce qu’on décidât d’y loger plusieurs départements de la Faculté des Lettres (au nombre desquels le département d’histoire de l’art et de musicologie), qui s’y trouvent toujours aujourd’hui. 

Depuis nombre d’années on se sert donc de l’auguste édifice comme d' »une commode dont on changerait les tiroirs », ce que m’avait expliqué jadis un responsable du service des bâtiments universitaires. Cette métaphore du bâtiment-commode, si elle satisfait au confort mental d’un gestionnaire, fait peu de cas du patrimoine architectural. Au titre de commode, l’Ecole de Chimie s’est donc vue transformée sans plan d’ensemble, au coup par coup. Une partie de l’imprimerie de l’Université a été installée au rez-de-chaussée inférieur, jouxtant bruyamment les salles de cours et les bureaux des enseignants-chercheurs! Le petit amphithéâtre qui faisait pendant au grand amphithéâtre (toujours opérationnel mais qui attend impatiemment l’ébéniste qui viendra redonner un peu de jeunesse aux vieux bancs), a été remplacé par une salle de séminaire, devenue dépôt de livres et perdue pour les enseignements qui manquent pourtant d’espaces. Des murs porteurs ont été percés provoquant fissurations et nécessitant renforcements. Les peintures de faux marbres, qui ornaient les vestibules et le grand escalier, ont été badigeonnées de blanc … et les beaux sols de terrazzo sont réparés par des pièces en bitume … Un projet est désormais à l’étude!

Dans l’intervalle les usagers, parents pauvres de l’Université, s’accomodent des lieux! Et dans ces locaux l’Uni prend l’eau, au sens propre du terme! Une fois encore, hier, l’entreprise Guimet a été convoquée d’urgence pour une inondation des couloirs du rez-de-chaussée inférieur, ceux qui mènent à la bibliothèque de l’Unité d’histoire de l’art. Les canalisations obstruées d’une courette ont entraîné de nauséabonds débordements transformant le couloir en un canal qu’il fallait passer à gué. A ce genre d’inconvénient n’importe quel concierge ou service de conciergerie, n’importe quel contrat d’entretien du bâtiment pourraient facilement remédier, en attendant que se réalise un jour, que l’on espère prochain, le Grand Projet de remise en état de l’intérieur du bâtiment.1485977918.jpg1364278487.jpg