Le Lignon, cité pour 10.000 habitants, la cité des cités dans la Genève des années 1960′, tout au bout de la ligne du bus 7 de l’époque, si loin de Genève … On y allait en excursion le jeudi après-midi, comme on allait à Meyrin, autre cité nouvelle avec son centre commercial, sa succursale de l’Uniprix de l’époque et sa Migros toute moderne. Un peu d’Amérique avec ses immeubles-barres, ses gratte-ciel s’offrait à nous dans la périphérie de la vieille Genève! La nouvelle ville-dortoir du Lignon souleva l’étonnement puis l’effroi: deux tours inatteignables par les échelles de pompiers, un bâtiment unique zigzaguant sur un peu plus d’un kilomètre de longueur. Le tout bâti dans un site naturel exceptionnel, offensant le regard des habitants de la zone villas située en contrebas.
Une vieille tante expropriée de sa villa de La Chapelle sur Pinchat, à l’emplacement de laquelle se construirait le bâtiment des TPG au Bachet de Pesay, emménagea un beau jour dans la grande tour du Lignon. Toute la famille se transporta avec curiosité pour visiter les lieux. Contre toute attente l’appartement était bien distribué, la vue grandiose et il y avait une piscine sur le toit … Cet ancrage familial de même qu’une suppléance assurée quelques années plus tard dans le cycle d’orientation du Renard, à proximité immédiate de ladite cité, me procurèrent maintes occasions de revenir au Lignon.
Je me rappelle encore la visite que nous fîmes au Lignon en compagnie de Maurice Besset, un de nos professeurs d’histoire de l’art. Un architecte, peut-être Addor ou Julliard, nous attendait pour nous faire visiter un appartement-témoin de la barre d’un kilomètre de long et nous expliquer le parti urbanistique et architectural, le projet massé n’occupant qu’à peine 10% du paysage arboré, la préfabrication, les appartements traversants, les façades verre et alu. Puis il conclut en disant que l’amortissement avait été prévu sur 50 ans. Et je me souviens encore de m’être demandé si cela signifiait que les bâtiments pouvaient ensuite être bons à jeter, à l’ère de la toute nouvelle société de consommation, celle des bas nylon, qui filaient si vite!
Or, à l’heure du développement durable, chacun sait que les bâtiments ne sont pas des biens de consommation périssables, qu’ils doivent être considérés comme des ressources, qu’avant d’envisager les démolir on doit se poser la question de leur survie et de leur adaptation. Très décrié et accusé injustement de trop de maux par certains, le Lignon fut pourtant considéré par les autorités et une majorité d’usagers comme la juste réponse aux problèmes de logement dans les années ’60. L’ensemble continue de remplir pleinement cette fonction et pour cette seule raison il mérite d’être entretenu avec respect, dans l’esprit de ses concepteurs. Le classement, mesure de protection extrême, inventée au XIXe siècle pour sauver des monuments, n’est sans doute pas la plus adéquate des mesures pour protéger le plus grand projet résidentiel jamais construit à Genève. Il semble malheureusement que l’arsenal légal en vigueur ne laisse toutefois pas beaucoup d’autre choix!
A la question « Faut-il classer la cité du Lignon », je répondrai bien évidemment « oui ».
Que vous dire, j’ai habité dans la toure de verre qui se trouve à la sortie du
Pont Butin, direction Meyrin, et j’ai fréquenté le cycle d’orientation du Renard pendant 3 ans. Il est vrai que beaucoup de mes amis de jeunesse habitaient au Lignon. Le Lignon correspond vraiement à un certain mode de vie des années 1970. Je ne peux immaginer la destruction de celui-ci !
Corinne Mobilia
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à cette question, je répondeai bien sur ….oui….
je suis né au lignon, le premier enfant né et habitant dans cette cité.
mon père ingénieur en génie civil était l’un des nombreux professionnels actifs dans la construction de cette magnifique oeuvre d’art.
il y a encore ses bureaux, mon frère Marc y habite encore, ma grand-maman a du se ressoudre de partir pour un EMS.
mes études, mon enfance et mon adolescence, disco bull et toutes les parties de foot font parties de ma mémoire et elles sont toutes attachées à ce lieu magique.
on dit que quand vous avez habité au lignon, il est dur d’y partir, voir même qu’en général, on y revient.
mon coeur fait partie intégrante du Lignon et je ne la vois pas disparaitre.
Bury olivier
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Non! trois fois non! il ne faut rien classer du tout. Cette manie typiquement genevoise est un frein à toute audace architecturale. Le rôle d’une aglomération urbaine ne se confond pas avec un musée de l’architecture!!!
Si nos ancêtres avaient « classé » les masures autour du site du Bourg de Four et leurs maisons sur pilotis, il n’y aurait jamais eu notre vieille ville « moderne »! Si nos descendants veulent mettre quelque chose de plus beau à la place du Lignon qu’ils le fassent, pardi!
Vous êtes tous des moutons cons. Avez-vous déjà réfléchi un seul instant à la question suivante: à quoi ça sert de classer un immeuble? Qui en tire profit? et quel profit? Est-ce pour montrer aux générations futures: nous on était les plus forts?
Pensez un peu, bon dieu! Il faut que le classement ait le moindre sens! Lequel, je vous le demande, je n’ai pas encore trouvé. j’aimerais bien l’apprendre. Instruisez-moi.
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J’ai pour la première fois à votre blog et j’ai vraiment aimé. Maintenant, je vais aller ici plus souvent!
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Le developpement à une telle ampleur c’est toujours durable, ainsi en restant bien réaliste il faut se préparer à de grandes perturbations liées à ce propos. Tout de même la réponse sur la question sera plutôt positive.
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Je trouve l’architecture du Lignon très agressive d’un point de vue visuel. Il me semble que l’ensemble fait très froid. Cette cite symbolise pour moi la domination aveugle de l’homme sur la nature et le monde, lorsque pour la dominer, il la fait disparaître au lieu de bien s’y intégrer. Je pense qu’on aurait pu repenser l’architecture du Lignon autrement, c’est dommage…
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