L’Egypte au Salon du Livre (Genève)

2036990479.pngL’Egypte au Salon du Livre (Genève)

L’Egypte, en tant que pays hôte d’honneur du Salon international du Livre et de la Presse de Genève 2008, occupe un important pavillon au cœur de la manifestation. On y trouve bien entendu les livres des principaux auteurs égyptiens (et pas seulement ceux de Alaa el Aswani) et on peut assister à des tables rondes qui touchent à différents sujets culturels, qui vont de la littérature aux arts visuels. Un quintet de l’orchestre de l’Opéra du Caire joue de la musique classique arabe et donne au public genevois une idée de cette forme musicale particulière, née dans la première moitié du XXe siècle. Ces différentes manifestations, accompagnées des expositions dévolues à l’art pharaonique, à l’architecture khédiviale et royale, de la projection du Culturama (diaporama de l’évolution de la civilisation égyptienne) donnent un très large aperçu de l’immémoriale histoire culturelle égyptienne à un public nombreux et intéressé.

J’ai eu le plaisir de modérer hier une table ronde consacrée à Cent d’art en Egypte, une intéressante occasion de se décentrer d’un réel nombrilisme occidental. Trois figures de l’art égyptien contemporain ont pris la parole pour évoquer les grands moments artistiques du XXe siècle : l’artiste peintre Nazli Madkour, le sculpteur et peintre Adam Henein et le critique d’art, Ahmed Selim Fouad.

Nazli Madkour, économiste de formation et artiste-peintre autodidacte, est aujourd’hui renommée aussi bien en Orient qu’en Occident. Ses tableaux, des paysages figuratifs ou expressionnistes lyriques, sont accrochés aux cimaises des musées du monde entier. Elle est l’auteur du livre sur les femmes artistes en Egypte, Women and Art in Egypt 1993 (1989). 

Ahmed Fouad Selim a joué un rôle de première importance dans la scène culturelle égyptienne de la fin du XXe siècle. Créateur notamment du Théâtre expérimental des Cent sièges (1968-1973), directeur du Centre d’art contemporain de Zamalek, rebaptisé Les Galeries d’Akhenaton, puis directeur du Musée d’art moderne égyptien, Ahmed Fouad Selim a organisé un nombre impressionnant d’expositions en Egypte et à l’étranger dès les années soixante, dont les biennales internationales du Caire (1998 à 2006). Il a aussi publié un Dictionnaire des artistes célèbres d’Egypte.

Adam Henein, sculpteur, mais aussi peintre et dessinateur égyptien de renom international, qui vient de faire l’objet d’une importante monographie (Adam Heinen, E. Al Kharrat, M. Gibson, Ismaïl, Skira, 2006), est à l’origine de la renaissance de la sculpture sur pierre en Egypte. Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Zamalek, Adam Henein reçoit une bourse pour étudier les peintures des tombes pharaoniques à Thèbes. En 1965 il décide de s’établir à Paris, où il restera jusque dans les années 90, ce qui contribue à sa renommée internationale. De retour en Egypte, il s’installe à Harraneyya, à côté du fameux centre d’artisanat Wissa Wassef. Sa collection de sculptures, des œuvres figuratives stylisées, à mi-chemin entre Mahmoud Mokhtar et Brancusi, habitent le jardin de sa propriété. A Assouan Adam Henein a créé à la fin des années 90 le Symposium international de sculpture sur granit, qui se déroule annuellement. Des artistes du monde entier sont invités à sculpter sur place l’exceptionnel granit d’Assouan.

Tous trois ont retracé le XXe siècle artistique égyptien, dans des survols qui nous ont donné un aperçu de la richesse du champ artistique contemporain. Si les arts visuels de cette époque, entre protectorat et indépendance, attendent encore une vraie approche historique, le champ de l’architecture a par contre bénéficié des très sérieuses recherches de la Française, Mercedes Volait, et des Egyptiens, Mohamed Awad et Zahi Hawas.

Dans ce contexte l’architecture khédiviale et royale égyptienne, une vraie architecture cosmopolite, fait l’objet d’une exposition organisée par l’Université de Genève (Unité d’histoire de l’art), dans le cadre du pavillon égyptien. On peut y voir quelques unes de ces productions d’une richesse inouïe, qui font du Caire, dans les quartiers de Wast el Balad (centre ville), Zamalek, Garden City, Maadi et Héliopolis, une ville comparable aux capitales européennes qu’étaient Paris ou Londres au même moment.

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