On pouvait lire dans les quotidiens locaux il y a de cela quelques semaines, que Sir Norman Foster, nouveau seigneur du château de Vincy (Vaud), s’inquiétait pour l’avenir des paysages lémaniques et particulièrement genevois. [Le blog Metropolgeneve édité par la Tribune a repris l’interview publiée par 24 Heures]
Formé à l’Ecole d’Architecture de l’Université de Manchester, puis à Yale, il crée le Team 4, avec Richard Rogers notamment, avant d’ouvrir sa propre agence, Foster’s Associates à Londres en 1967. Connu pour une production résolument inscrite dans le XXe siècle, l’auteur de la reconstruction du Parlement allemand dans l’ancien Reichstag de Berlin et du viaduc de Millau, médaillé et internationalement reconnu, exprime publiquement ses craintes quant à l’urbanisation galopante et pas toujours concertée des pourtours du lac Léman, une des régions idylliques au monde, ce qu’oublient trop fréquemment les habitants qui fréquentent quotidiennement ce paradis, pas encore tout à fait perdu!
Foster déplore le mitage des paysages et une forme d’urbanisation hasardeuse qui gaspille des sites exceptionnels: » Les vignes et la campagne y sont si magnifiques que j’ai du mal à comprendre pourquoi des bâtiments industriels ou de bureaux semblent sortir de terre de façon aléatoire, tout au long du lac. C’est illogique et laid, c’est une menace pour l’équilibre fragile entre villages et nature. » explique Norman Foster dans une interview pour 24 Heures publiée le 18 avril dernier. A quoi les services responsables du développement urbain répondent un peu brièvement que la star anglaise ignore tout du « Plan directeur cantonal » … Le but du présent billet n’est sans doute pas de nous lancer dans une critique étayée de cet ensemble de dispositions molles de nature à satisfaire le compromis à la Suisse! Mais plutôt de relever the englishness of the english architect, pour paraphraser Sir Kenneth Clark!
Que Foster soit admiratif des sites lémaniques, tout comme d’autres sites helvétiques du reste, voilà qui le rattache à une tradition très britannique dont les manifestations surgissent avec l’avènement du tourisme, en particulier de ces Grands Touristes anglais aisés, qui se déversaient sur le Continent durant le XVIIIe siècle pour parfaire leur éducation au contact des chefs d’oeuvres artistiques de l’Italie. Sur le chemin le passage obligé en Suisse commençait à Genève, où l’on inaugura en 1834 l’Hôtel des Bergues, le premier palace du pays, qui remplaca vite l’auberge Dejean à Sécheron, halte préférée des touristes anglais. Lors Byron, Mary Shelley, William Turner, et combien d’autres …, enfants des théoriciens du pittoresque et du sublime, célébrèrent les rivages lémaniques dans des oeuvres littéraires ou picturales et révélèrent aux autochtones les beautés de leur propre pays. Ce que firent aussi d’autres écrivains européens, tel Alexandre Dumas père qui loua Genève, cette odalisque alanguie au bord de son lac dans des coteaux semés de villas …
Les propos de Sir Norman Foster peuvent bien sûr déplaire! Mais une fois le choc passé, une fois la critique digérée, merci aux regards étrangers de révéler Genève aux Genevois, hier comme aujourd’hui! Merci de nous rappeler l’unicité du bassin lémanique, lové entre Salève et Jura, le splendide panorama des Alpes au loin, le somptueux plan d’eau du plus grand lac d’Europe! Merci de nous rappeler aussi la fragilité de ce paysage culturel, un patrimoine précieux qui mérite des mesures intelligentes et exceptionnelles.
Quelle morgue !
Quelle prétention !
Boutons l’anglois et ses valets hors l’adret !
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Les impressions de Monsieur FOSTER sur le développement urbanistique anarchique et relativement hideux de la région lémanique sont à prendre en compte car elle sont judicieuses. La Suisse s’est toujours vantée de ses paysages alpestres et lacustres inégalables et si vous vous déplacez un peu en empruntant l’autoroute, les conséquences dues à une construction peu intégré à son environnement immédiat, sont irrémédiables… Les urbanistes, architectes, développeurs, autorités cantonales et autres « parties prenantes » de la société civile devraient profiter de la venue de ce grand professionnel sur « nos terres » pour en tirer quelques éléments de réflexion.
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Elles sont bien expliquees toutes ces inquietudes, surtout si on prend en compte la personnalite de Monsieur Foster. Et je voudrais ajouter que la fragilité des paysages culturels derangera toujours un vrai architecte.
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