Marcel Duchamp était, selon ses propres dires, fasciné par les machines d’une chocolaterie à Rouen, qu’il voyait fonctionner à travers la vitrine en contrebas de la rue où il habitait, ce qui lui suggéra la peinture de précision de l’une d’entre elles qui allait prendre place dans l’une de ses oeuvres les plus célèbres: le Grand Verre. Constituée de trois cylindres, chargés de réduire la granulosité du chocolat, ces machines tournaient implacablement, même à vide parfois. Toute aussi implacable est la machine immobilière locale, nationale et transnationale …, la grande mécanique internationale qui n’en finit pas de ne pas ralentir et qui broie dans les cylindres de ses bétonneuses les espoirs de toute vie durable et corollairement nos biens, nos souvenirs, notre histoire, nos maisons, nos arbres, nos jardins.
(Machine à broyer le chocolat, Marcel Duchamp)
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