Une mise à plat de l’histoire de l’architecture et de son enseignement

Architectural history and Climate Emergency, voilà un colloque qui entend secouer le cocotier. Comment à l’heure actuelle renouveler la discipline de l’histoire de l’architecture qui continue trop souvent de ronronner sur ses vieux acquis (formalisme, esthétique, spatialité …) sans se poser des questions devenues pourtant cruciales. La Société des Historiens de l’architecture de Grande-Bretagne lance un appel à contributions pour sa très prometteuse conférence 2021, coordonnée par Barnabas Calder, Alex Bremner et Savia Palate. Elle souhaite mettre en lumière le rôle que l’histoire de l’architecture et de l’environnement bâti pourrait jouer pour chercher à répondre aux préoccupations en lien avec la dramatique question du changement climatique.

eric de maré, St Edward's, Brotherton

Eglise St Edward’s, Brotherton, et les tours de la centrale électrique de Ferry Bridge

Photographie d’Eric de Maré (RIBA) illustrant l’appel à colloque

En faisant remarquer que l’histoire de l’architecture reste le plus souvent inconfortablement détachée du défi central de notre époque qu’est le changement climatique, les organisateurs du colloque Architectural history and Climate emergency (https://www.sahgb.org.uk/news/annualsymposium2021-call-for-participation?fbclid=IwAR16UERWV7lB5Z3tWyKHSJkCObFKEI1cnUs-zvbVwZcSEjzQwmPGVY-d7P0) pointent un sujet crucial. Le symposium entend prendre en considération l’impact environnemental de l’architecture à travers le temps et placer la relation entre architecture et énergie au centre de la compréhension et de l’appréciation du bâti historique,

En étudiant la relation entre les bâtiments et l’énergie, mais aussi la contribution de l’industrie du bâtiment à la déforestation, la destruction des écosystèmes et la pollution généralisée liée à l’approvisionnement en matières premières (bois, sable, exploitation minière de composants métalliques, …) qui participent au changement climatique catastrophique, l’histoire de l’architecture peut retrouver une place centrale crédible dans le débat et la pratique architecturale. Ainsi repensée elle pourrait contribuer de manière significative à la résolution de la dépendance aux combustibles fossiles et à la crise de la biodiversité qui menace la poursuite de la vie sur Terre.

Les récents travaux d’économistes tels que E. A. Wrigley, Energy and the English industrial Revolution, Astrid Kander, Paolo Malanima and Paul Warde, Kander, Malanima et Warde, Power to the people: energy in Europe in the last five centuries (2013), Vaclav Smil, Energy and civilization. A history (2017) entre autres travaux sur l’histoire de l’énergie nous permettent de comprendre que l’une des activités les plus gourmandes en énergie et les plus dommageables pour l’environnement est la CONSTRUCTION.

Dans une perspective d’histoire de l’art globale, la Société des Historiens de l’Architecture britannique invite à se pencher en particulier sur des études de cas non occidentaux et pré-modernes et à réfléchir sur une manière responsable d’enseigner l’histoire de l’architecture, de recalibrer son historiographie et de réformer ses programmes éducatifs. Il y a fort à parier que les conclusions de ce symposium devraient tendre à remettre en question des pratiques et des hiérarchies dépourvues de réflexions éthiques, comme les destructions massives de constructions en maçonneries traditionnelles pour les remplacer par des ossatures métalliques ou des structures en béton ou la perte de savoir-faire anciens qui privilégiaient l’emploi de matériaux locaux mis en oeuvre selon des techniques (semi)-artisanales peu gourmandes du point de vue énergétique.

 

 

 

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