Alors que l’avenir du Musée d’Art et d’Histoire n’en finit pas de secouer la parvulissime République (un débat de plus va se tenir prochainement entre partisans et opposants du « projet Nouvel » …) on peut prendre un peu de recul et questionner la question du mécénat à Genève. Le legs de Gustave Revilliod, riche et généreux célibataire léguant à la collectivité son mythique Ariana (en fait un mémorial à sa mère Ariane tant aimée), réceptacle de sa vision du monde et de la collection, est passé à deux doigts de l’anéantissement qui aurait irrémédiablement ruiné le fruit de sa vie et de ses efforts. Qui, par ailleurs, se souvient encore de l’énorme legs Brunswick de 12 M° de francs or qui a alimenté l’érection de tant d’ouvrages fameux (en dehors de son propre cénotaphe qui trône en bonne place en face de l’hôtel qui l’a vu mourir) et qui, alors que les Bâtiments Académiques (alias le bâtiment d’UniBastions), construit grâce à sa magnanimité posthume, se sent concerné par l’hommage à rendre à sa générosité?
L’une des querelles qui divise les Genevois aujourd’hui concerne le(s) Musée(s) d’Art et d’Histoire (ils sont devenus pluriels au cours des ans, par clonage probablement), modeste institution qui rêve d’international et qui aimerait, pour paraphraser le poète, « se faire si grosse qu’elle en crèvera … »! Toute une (bonne) société des « Amis du Musée » et sa somptueuse présidente (de mère en fille, comme au temps de Louis XIV) assiste cet exploit en devenir, et supporte, et halète, et entonne en coeur que le musée doit entrer dans le XXIe siècle (avec un projet du XXe s.)! De ces grosses fortunes, toutes alliées au monde de la finance, aucune pour mettre la main à la poche, à l’exception d’une, pas locale du tout, et qui espère voir s’incarner dans la surélévation le mausolée à son honneur. Ce sera G contre G!
A une journaliste de la TSR qui me demandait, parlant des magnifiques parcs qui encadrent le Petit Lac à Genève et qui résultent tous de dons faits à la Ville, à l’Etat ou à la Confédération: « Où en est le mécénat aujourd’hui à Genève? », j’aurais dû répondre: « Nulle part! » Du moins pour le mécénat désintéressé. Chaque payeur attend un retour sur investissement, un retour en espèces ou en nature, des honneurs, une récompense (ce qui vient d’arriver du reste à la Fondation Wilsdorf qui s’est vue décerner lors du Dies Academicus 2014 la grande médaille de l’Université pour ses mérites en tant que sponsor).
Dans cette pauvre ville de Genève aux finances exsangues, l’argent coule à flots. Pour faire de l’argent, encore davantage. Où est le mécène qui donnera pour construire la grande bibliothèque des Humanités que l’Université ne peut pas s’offrir? Où est le mécène qui financera la construction du nouveau Musée d’Art et d’Histoire de Genève, cité qui mérite beaucoup mieux qu’un rafistolage à coups de millions, en dénaturant irrémédiablement le magnifique bâtiment construit par Marc Camoletti et dont on s’est ingénié, en raison de l’inculture architecturale navrante de ses successifs responsables au fil des décennies, à disqualifier l’intelligence du parti et l’excellence des aménagements d’origine?
Charles Galland, revenez-nous!
Je dois à Mme el-Wakil et aux deux volumes de son magnifique ouvrage de référence « Bâtir la campagne » les premières bases de mon goût pour l’architecture genevoise. C’est dire à quel point je regrette qu’elle abîme son savoir et son talent dans cet articulet dont je ne saurais dire s’il est plus bête que méchant ou l’inverse. Non seulement elle ne dit rien de l’architecture, qu’elle connaît pourtant bien, mais elle formule au sujet du mécénat des observations qui démontrent sa complète ignorance du sujet.
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