Situé sur la rue Dundas, le Musée des Beaux-Arts de l’Ontario (Toronto) comporte de très importantes collections d’art européen, canadien, inuit. Et la plus importante collection de plâtres de Henri Moore, cédée par l’artiste à la ville de Toronto en 1968. Le bâtiment a récemment fait l’objet d’une réinvention qui est le fait de l’enfant de la ville, Frank Gehry.
Une façade vitrée sertie dans une forte armature de charpente abrite la Galleria à l’ italienne de l’Art Gallery de l’Ontario ; de la cafétéria qui est installée là on a vue sur les maisons à pignons de Dundas street. Cet élan de verre incurvé signale aujourd’hui l’entrée d’un musée dont la Fondation remonte à l’année 1900. L’artiste local George Reid, président de la Société des artistes de l’Ontario, poussa alors à la création d’une galerie d’art qui prit place dès 1913 dans la maison edwardienne appelée La Grange, aujourd’hui monument classé.
Enfant de Toronto, Frank Gehry s’est vu confier la restructuration de la Art Gallery de l’Ontario. D’un ensemble de bâtiments grandis au fil des ans, il a créé un luxueux organisme neuf d’une grande inventivité en récupérant d’anciennes structures qui épousent (on aurait envie de dire langoureusement) les ajouts. La douceur d’un bois couleur miel, le nu blanc cassé des murs au-dessus de plinthes évoquant des traditions perdues, la maîtrise de l’éclairage zénithal concourrent au confort visuel et sensoriel, quasi-tactile.
Dans un patio d’un grand classicisme, tenu en retrait par l’expression chromatique qui lui a été conférée, l’ « escalier baroque » fait une irruption enchanteresse, sorte de scala ex machina de bois blond. Cet enroulement inattendu, défiant la pesanteur et l’entendement, n’est pas sans évoquer les excentricités des scénographies du XVIIe siècle. L’ascension de la structure se termine dans un belvédère extérieur qui domine le quartier et offre un point de vue inédit sur la ville. Le prodige réside en ce que cet escalier, qui émerge de l’arc d’une porte, tient davantage du meuble que du construit, ce qui excuse sans doute et légitime peut-être son incongruité.
Collections, exposition temporaire (il y a en ce moment une épatante expo Khalo/Rivera) et bâtiments peuvent contribuer au ravissement du public.