Maymand, village troglodytique de la province de Kerman, fait l’objet d’une demande de classement au patrimoine de l’Humanité. Une première conférence internationale sur l’architecture troglodytique s’est du reste tenue à Mahan (province de Kerman) du 1 au 3 mai dernier et s’est conclue par la Déclaration de Kerman, ratifiée à l’unanimité de tous les participants. Des nombreux sites troglodytiques du plateau iranien, Maymand est probablement le mieux conservé avec un très large périmètre de protection libre de toute implantation humaine.
Dans le paysage semi-désertique de la province de Kerman se trouve le village troglodytique de Maymand. L’approche se fait par une route bitumée, peu fréquentée, le désert ça et là parsemé de pistachiers sauvages. Le site est aride, la montagne de tuf se précise. Enfin les parkings, nouvellement créés, situés à l’entrée du village.
La route qui conduit à Maymand
Le site est très étrange, un peu surnaturel. Dans les replis de la montagne est venu prendre place en cirque un habitat troglodytique depuis des temps immémoriaux. Creusant la pierre à la main, des populations de bergers semi-nomades, se sont approprié les lieux pour y séjourner à l’abri des vents et de la chaleur. Les quelques quatre cents habitations possédant chacune quelques pièces s’étagent sur trois à quatre niveaux selon les endroits. La rangée supérieure se cache sous le bourrelet de pierre débordant qui constitue l’avant-toit naturel de l’ensemble. Aujourd’hui cent quarante-sept (le recensement est précis) habitants de tous âges vivent dans le village : des vieilles chenues drapées de magnifiques imprimés à petits motifs, mais aussi des enfants minces, agiles comme les chèvres que gardaient leurs aïeux, et habillés dans des couleurs vives.
Vue de Maymand prise de la rue centrale
Une artère principale traverse le creux du site en longeant le lit d’une rivière, en ce moment sèche. De part et d’autre on monte raide jusqu’aux différentes alvéoles qui forment les entrées des habitats troglodytiques. Un restaurant, dans lequel on peut manger une épaisse et roborifique soupe aux herbes, est ménagé dans un ancien logement. Une grande chambre d’hôtes à quatre lits offre un gîte hospitalier aux citadins en quête de quiétude. Un petit magasin d’artisanat traditionnel vend des articles en laine de mouton bouillie.
Un habitat réaménagé en QG du patrimoine
L’habitat creusé de main d’homme nous ramène aux fondamentaux de l’habitat humain. Le creusé ou/contre le construit, la symbiose avec la Nature, une pratique écologique originelle … et un inouï sentiment de bien-être dans le ventre de la Terre.
Le magasin d’artisanat de Maymand
Dr Mahnaz Ashrafi est l’inventeur de Maymand dont elle s’efforce depuis plus de dix ans de porter la renommée au-delà des frontières locales. Elle vient d’introduire le dossier auprès de l’Unesco pour un classement au Patrimoine mondial. Ce site étonnant d’une beauté fragile mérite à coup sûr une telle distinction, sans que l’on puisse mesurer les retombées fastes ou néfastes d’une éventuelle irruption touristique dans ce lieu d’exception.
Ce genre d’habitat est fascinant et la preuve de l’ingéniosité de nos ancêtres.
Je ne parle pas du fait de s’abriter dans une grotte, mais de la façon d’en faire un mode de vie complet.
Dans roman de Marek Halter « Le vent des Kazhars » on découvre ce type de « village ». Il s’agit bien sûr d’une fiction, mais j’ai cru comprendre que dans beaucoup de régions du Proche Orient (et même en France), ce type d’habitat était très répandu.
Comme vous, je me demande si le bilan d’une inscription à l’Unesco est positif ou négatif. Peut-être que l’inaccessibilité du site et le statut largement non-touristique de l’Iran actuel peuvent ralentir un déferlement néfaste !
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