La Bulle universitaire ou le réveil de l’intérieur

De l’intérieur les universitaires bougent et réagissent à un système qui les pousserait à faire du chiffre, des occurrences internet, du quantatif, alors même qu’il paraît devenu obsolète ou superflu ou … impossible de se prononcer sur le fond. L’excellence universitaire, dont toute institution académique se gargarise de par le monde, pourrait inciter désormais les plus faibles ou les plus carriéristes (selon le point de vue) d’entre les universitaires à se répandre tous azimuts, à faire parler de soi coûte que coûte, à pratiquer une science bling bling (l’onomatopée s’enracine, on le voit!) qui ravit la vedette à la recherche fondamentale.

Où le temps long de la recherche, célébré par le professeur Michel Porret dans son excellente contribution « Jubilation académique: combien de temps encore? » dans l’ouvrage Regards sur l’Université de Genève,orchestré par le professeur Gabriel Aubert à l’occasion du 450e anniversaire de notre alma mater? Et comment trouver la parade « contre le racolage productiviste qui trop souvent confond les enjeux lents de la connaissance avec ceux éphémères du marché »?

Qu’on ait achevé de présenter le professeur Jean-Pierre Changeux, venu parler à Genève jeudi soir dernier de L’art et le cerveau, comme pesant 130.000 occurrences par Google, montre à quel point le vacarme médiatique, qui sanctionne très inégalement les chercheurs selon les disciplines dans lesquelles ils oeuvrent et le ramdam qu’ils organisent autour de leurs recherches, imprègne des esprits éclairés, qui devraient savoir prendre du recul. S’agissant du professeur Changeux, c’était du reste lui faire injure que de le soupeser à l’aune de Google!

Le physicien Libero Zuppiroli, professeur à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, dénonce justement la dérive universitaire dans son tout récent ouvrage, un pamphlet dont la teneur trouve de plus en plus d’échos dans la communauté universitaire, intitulé La Bulle Universitaire :  « Nous sommes jugés pour autre chose que la science: pour le networking (réseautage), le fund­raising (recherche de fonds), le marketing et le management. La carrière constitue une profession en soi, et cette profession tourne à une position d’histrions académiques. Même les doctorants, précarisés, doivent définir une stratégie de publication, quitte à multiplier des articles sur la base des mêmes résultats. »

Dans son ouvrage décapant Zuppiroli n’évoque pas particulièrement le cas des femmes dans cet univers devenu celui des faux semblants. On les dit encore victimes du leaking pipeline et cela ne promet pas de s’arranger, si pour réussir, elles doivent désormais se répandre dans ce Tout petit monde, courir ça et là, d’un colloque à une autre foire du Trône, un bébé accroché à leur mamelle …

http://m.letemps.ch/Page/Uuid/2615a668-2afa-11df-9430-6778e9c7e283/Les_universit%C3%A9s_c%C3%A8dent_%C3%A0_la_logique_de_mode

Une réflexion sur « La Bulle universitaire ou le réveil de l’intérieur »

  1. Les secteurs phares de l’UNIGE sont: les sciences de la vie (biologie moléculaire, bio-informatique, etc.), la physique des particules élémentaires, l’astrophysique, les sciences sociales et économiques, la chimie, la biochimie et la biophysique. L’UNIGE est aussi la maison-mère de trois pôles de recherche nationaux en génétique (Frontiers in Genetics), en sciences des matériaux (MaNEP) et dans l’étude des émotions (Affectives Sciences). Mais pour le reste est plutôt dans la moyenne européenne. Désolés mais avant de se plaindre sur leur propre sort au lieu de relever la qualité de l’institution universitaire, certains Professeurs de l’Uni de Genève (science de l’éducation, HES, économie et droit…..) co-optés par pour leur parcours mais par leurs pairs déjà en place, manquent de rigueur, voire de qualité dans leur cours, de punch, utilisant année après année dans leurs cours de simples polycopiés, ayant quelques heures de cours en Suisse mais aussi en Europe sans que cela soit profitable pour leurs étudiants et n’étant que peu disponibles et à l’écoute des étudiants et surtout sans évaluation de leur part comme cela est le cas dans les pays anglo-saxons… alors déjà qu’ils fassent leur travail de base, l’enseignement car le fundraising est un autre métier et leur réseau en principe ne ssert qu’à eux-mêmes et peu aux étudiants. Pour rappel : Genève a le chic de laisser filer des opportunités, cela a été le cas aussi quand elle a laissé partir le Prof. Werner Arbez qui a eu le prix de médecine en 1978 ou encore récemment l’homme de l’année 2010, le chirurgien René Prêtre pour Zurich.

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