La parcelle de l’OMC n’est que trop bourrée

La population de la Ville de Genève est appelée à se prononcer la semaine prochaine sur la construction d’un building administratif de plus sur la parcelle de l’OMC (ex BIT). On nous assure que « le projet de M. Jens Wittfoht allie modestie, modernité et efficacité (…) et on ajoute que « le nouveau bâtiment s’imbriquera de façon très harmonieuse dans le paysage du Parc Barton sans détruire la végétation ancestrale du parc dont l’accès au public sera maintenu et préservé. »


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L’étude de l’architecte allemand Jens Wittfoht, qui a remporté le concours lancé à cet effet, se signale, comme on peut le voir sur son site http://www.wittfoht-architekten.de/#/projects/ par plusieurs projets d’architecture bancaire. L’extension lauréate prévue pour l’OMC est une haute barre juchée sur quatre niveaux de sous-sol qui vient prendre place sur un parking de 130 places, parking dont on se demande d’ailleurs, en y réfléchissant, qui un jour en a autorisé l’existence et à quelle dérogation il a insidieusement dû son irruption dans cet exceptionnel site paysager.

 

Faut-il rappeler et marteler que l’un des atouts paysagers genevois majeurs réside dans le collier de grands parcs célébrés tant par l’historiographie locale, de Pierre Barde à Guillaume Fatio, que par les visiteurs étrangers ? Les vastes domaines riverains arborés, légués par des bienfaiteurs soucieux du bien commun, entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, constituent encore, malgré les atteintes qu’ils ont déjà subies, un highlight de la Genève internationale.

 

On s’étonne que Monsieur Lamy, directeur de l’OMC et docteur honoris causa de l’Université de Genève en cette année de 450e anniversaire n’ait pas pleinement pris la mesure des règles du jeu de l’urbanisme genevois. C’est pourtant lui, qui dans son prudent discours de remerciement prononcé dans la cathédrale St-Pierre, expliquait comment l’OMC devait composer avec les règles : « Négocier et mettre en œuvre [des] règles constituent la mission de base de l’OMC dont la vocation première, est, à ce titre, de régulation et non de dérégulation comme on l’entend souvent. » http://www.unige.ch/450/dies/discours.html Or, malgré toutes les suggestions qui lui ont été faites de bâtir un peu plus loin l’extension de l’OMC, le long de l’avenue de France par exemple, Monsieur Lamy a opposé un veto non négociable. Il a fait le forcing pour, qu’au nom de l’organisation mondiale, on déroge aux règles toujours appliquées jusque là à Genève dans ce site riverain sensible, de sorte à entacher irrémédiablement, par une constructionomc.jpg de trop, le charme fragile du paysage local.

 

Que nos autorités se soient laissées intimider, qu’on en soit venu à s’incliner devant les desiderata internationaux, qu’un projet de barre soit prêt à l’exécution dans le parc de l’OMC, tout ceci montre bien la perte de repères et de convictions qui agite Genève et le monde. Mais Genève n’est pas Dubaï et la parcelle de l’OMC n’est que trop bourrée. Rappelons que le bâtiment originel de George Epitaux, dessiné pour le BIT a subi plusieurs agrandissements et qu’en 1998 encore Ugo Brunoni y a construit, à front de la rue de Lausanne, un nouveau centre de conférences.

 

Monsieur Lamy, pourquoi n’avoir pas saisi l’occasion qui vous était donnée d’appliquer ici ces principes de cohérence entre le local et le mondial que vous préconisiez si bien pour l’OMC dans votre discours de réception ?

4 réflexions sur « La parcelle de l’OMC n’est que trop bourrée »

  1. Chère Madame vous raisonnez en termes urbanistiques d’un autre temps. Vous nous parlez d’une époque où, à l’instar du Corbusier ou de Niemeyer, on pensait l’espace sans limites, on rêvait de zones d’habitations séparées des zones d’activités, où le pétrole n’était pas un problème et où les bourgeois seuls avaient des voitures, le petit peuple se déplaçant dans les transports en commun qu’on voulait bien lui allouer.
    Déplacer une partie du personnel à plusieurs centaines de mètres, c’est une perte de temps et d’efficacité et c’est écologiquement une aberration à l’heure où l’on parle de réduire les distances de transport et de densifier la ville pour éviter le mitage du territoire.
    Quand aux soi-disant passe-droits ayant permis l’édification du parking, sachez que les accords de sièges, signés pour assurer l’installation de l’OMC à Genève prévoyaient des centaines de places de parking qui n’ont jamais été allouées. Ce dont l’OMC s’est tant bien que mal accommodée. Mais il n’en importe pas moins de respecter les règles et les accords passés, et pas seulement lorsque cela vous arrange.

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  2. Cette dernière phrase – que le respect du Parc Barton pourrait personnellement arranger Madame el-Wakil – donne à penser que les plus désintéressés sont ceux qui ne défendent leur privilège inouï de siéger dans un parc public à quatre-vingt mètres de l’eau que pour la gloire de Genève et le salut du monde; on se demande alors si l’auteur ne nous prend pas pour des demeurés.
    On se rassure en relisant sa communication : il trouve Le Corbusier et Niemeyer démodés et à la mode le gain de temps et l’efficacité. Bon, les demeurés, ce ne sont pas nous

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  3. C’est tout à fait extraordinaire que Monsieur Souaille semble savoir ce qu’est l’urbanisme contemporain, alors même que les spécialistes reconnaissent, qu’à l’heure de la globalisation et de la déréglementation, le terme même d’urbanisme ne signifie plus grand chose (voir les travaux de Michel Lussault par exemple). A Genève depuis l’époque des cités-satellites l’urbanisme, il faut bien l’avouer, n’est le plus souvent que la pitoyable résultante de la limite de parcelle, du mitage du paysage et du bourrage des anciens domaines …

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