Saqqara Road

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Retour du Caire. En voyage d’études avec les historiens de l’art autour du patrimoine architectural moderne. Ce patrimoine qualifié de « colonial » et mal aimé ; des quartiers, des villes nouvelles, des bâtiments, créés par des entrepreneurs du monde entier et maintenant de mieux en mieux étudiés par des chercheurs du monde entier. Mais la protection de ce patrimoine tarde à survenir ! Et tombent encore des pans entiers, remplacés souvent par beaucoup moins bien. Les villas et les immeubles de l’Héliopolis du Baron Empain, une exemplaire ville nouvelle surgie du désert au début du XXe siècle, continuent d’être remplacés par des immeubles quelconques de fort gabarit. L’extraodinaire tribune orientalisante de l’hippodrome se dresse maintenant face à un tas de gravats dans l’expectative d’on ne sait quel improbable chantier et le Palais du Baron attend toujours, dans un jardin réaménagé, sa restauration.


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La route de Saqqara qui quittait Le Caire, de Guizeh vers Saqqara puis Dashour, en longeant le canal de Marrioteya, était un exceptionnel lieu de villégiature. La campagne fertile et verdoyante prenait là ses droits, émaillée de villages et de propriétés idylliques. Le tracé d’une énorme autoroute aérienne (celle-là même qui devait contourner les pyramides du plateau de Gizeh) avance en dévorant impitoyablement toute cette belle nature. Le canal par endroit a été remblayé causant d’irrémédiables dégâts aux propriétés riveraines.

 

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Le village-modèle de Harranniiya, construit par l’architecte Ramses Wissa Wassef dès le milieu du XXe siècle, pour abriter un centre d’artisanat, toujours en activité et mondialement connu pour ses exceptionnelles tapisseries, ce village est peu à peu entouré d’immeubles à ossature béton et remplissage briques (le nouveau vernaculaire du Caire !), de probables infractions qui dressent leurs carcasses vides et béantes ; ses exemplaires bâtiments de terre crue, dont le musée dédié au sculpteur Habib Gorgi, récompensé par le Prix Aga Khan, se délitent en raison des changements de conditions hydrologiques du sol.

 

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Une des plus belles réalisations de Hassan Fathy, la maison Fouad Riad (1967), une maison construite en pierre face aux pyramides de Gizeh, est maintenant inondée ; son propriétaire a quitté les lieux. Un peu plus loin, la maison Mit Rihan du même Hassan Fathy, subsiste encore en bon état et habitée, mais jusqu’à quand ? Sans nommer ici tous les villages, tous les trésors d’architecture mineure, toutes les richesses traditionnelles que piétine sans discernement « la marche du progrès », un progrès qui, vu de ce côté-ci de la Méditerranée n’en est certainement pas un !

 

Fatalistes les Egyptiens s’excusent. Le patrimoine n’est qu’un problème très secondaire. Il faut nourrir le peuple ! Sauf qu’à piétiner des charmes désuets peut-être, les pauvres n’y gagnent rien … et tout le monde y perd sauf les promoteurs ! Lorsque l’Egypte ne sera plus qu’un petit cheptel d’Antiquités cernées de toutes parts par des rubans d’autoroutes, qui aura encore envie de tourner là ses regards ?

2 réflexions sur « Saqqara Road »

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