Genevois et Chênois, ne dites plus « goulet »!

 

Sautera ou sautera pas le « goulet » de Chêne-Bougeries ? Des décennies de controverses à propos de cette partie de l’ancien noyau villageois indûment qualifié de « goulet », un terme hérité sans doute des sixties et de la toute-puissance automobile. Chaque resserrement des voiries alors considéré comme une entrave à la fluidité du trafic des voitures, sur lequel on misait gros. Autres temps, autres mœurs ! Les ingénieurs de la circulation s’évertuent de nos jours à inventer des chicanes en tous genres pour gêner le trafic.

 

Dans ces circonstances le terme de « goulet », pour désigner cette partie du vieux Chêne-Bougeries, est pour le moins vieilli ! Il serait plus correct de parler d’un village-rue dont subsiste deux lignes de maisons villageoises de part et d’autre de la rue de Chêne-Bougeries et une ligne de maison sur le chemin Pont-de-Ville. Perceptible sur les photographies aériennes et a fortiori in situ la valeur d’ensemble de ce « village dans la ville » s’impose d’emblée. L’aménagement de ce village-rue n’a jamais fait l’objet d’une étude historique approfondie; son développement urbain n’est guère connu qu’à travers la confrontation de quelques plans cadastraux. On ne peut exclure l’hypothèse d’une éventuelle planification au XVIIIe siècle qui aurait pu, sur un mode mineur, sous-tendre le développement de Chêne-Bougeries.

Des maisons en maçonnerie sur des socles en roche blanche, à arcs clavés presque plats dégageant des vastes vitrines,- une harmonisation des années 1860 -, se répondent de part et d’autre de la rue principale (traversée par le tramway électrique dès 1880) et forment à ce titre, au nom de la loi Blondel, ce qu’il est convenu d’appeler un ensemble du XIXe siècle ! Un univers villageois au cœur de la ville, univers qui n’aurait demandé qu’à être ripoliné, astiqué, valorisé pour ressembler aux rues carougeoises, desquelles il est contemporain.

 

Au lieu de cela des grands projets pour Chêne-Bougeries qui vont rendre orpheline la ligne de maisons méridionale, lui offrant pour vis-à-vis des immeubles modernes. La condamnation va-t-elle tomber sans appel pour sanctionner le prétendu goulet ? Les Chênois vont-ils sacrifier cet ensemble sur l’autel du trafic et de la densification. Foin alors des demi-mesures et voyons grand: ce n’est point un demi-« goulet » qui est à démolir mais un « goulet » tout entier.

 

 

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