CEG est devenu en mai 2019 une association sous le nom de SOS Patrimoine CEG ! Dans le rapport d’activités de ces quelques deux années écoulées, puisque, en raison de la pandémie, nous n’avons pas tenu d’assemblée générale en 2020, vous avez pu prendre connaissance des principales actions qui nous ont mobilisés. Je n’entends pas énumérer exhaustivement ici le contenu de ce rapport, mais plutôt tirer un bilan d’étape après nos quelques cinq années d’existence depuis la création en novembre 2016 de la page Facebook Contre l’enlaidissement de Genève.
Sensibilisation
L’attention au patrimoine architectural et naturel passe par la sensibilisation du public. Ce travail primordial est à l’origine même de notre mouvement qui avait à son origine pour logo un petit garçon hurlant dans un porte-voix. La première démolition dénoncée fut celle de l’ancienne gare des Eaux-Vives dont on aurait tout aussi bien pu imaginer avec un peu de créativité le démontage et le remontage sur l’actuel parvis de la Gare du Léman Express pour y installer un équipement utile au quartier tout en signalant la mémoire du lieu.
Hurler dans des porte-voix nous l’avons fait les un.e.s et les autres lors de nos multiples manifestations et mobilisations pour alerter sur la disparition du patrimoine bâti et arboré.
Ce n’est pas seulement le public, mais aussi les autorités que nous avons réussi à sensibiliser, en les irritant plus souvent qu’à leur tour, un peu comme du poil à gratter ou quelque plante urticante.
Au-delà nous avons réveillé les associations déjà existantes de protection du patrimoine comme Patrimoine Suisse Genève qui malheureusement compte en son sein beaucoup trop de membres proches des milieux immobiliers et davantage désireux de construire que de protéger. Nous avons réveillé Action Patrimoine Vivant (APV) qui était tombée en léthargie. Nous avons réveillé Le Boulet à Carouge à propos du sort de la Chapelle du Centenaire.
Protestations
La densification de Genève à marche forcée entraîne une métamorphose (terme euphémique) que personne dans le public n’avait vu venir et qui est très déstabilisante pour la population autochtone. Cette transformation qui survient à un moment charnière dans l’histoire de l’humanité nous semble particulièrement inopportune. Les démolitions consenties pour parvenir à construire davantage de bâtiments (logements et locaux administratifs) vont à l’encontre de ce que nous pensons être les bonnes voies vers la survie non seulement de notre territoire et de ses habitants, mais de la planète en général.
C’est la raison pour laquelle nous nous sommes mobilisés sur nombre de dossiers à notre initiative ou à l’initiative de particuliers qui sont venus demander notre appui. Demandes d’inscriptions à l’inventaire, demandes de classements, demandes de plans de sites, pétitions, lettres ouvertes ou pas aux politiciens etc., tous les moyens ont semblé bon pour faire du bruit et traduire le mécontentement général.
Coalitions
Les associations de riverains de toutes les communes, de quartier (AVV), de protection de la nature (Sauvegarde Genève, Sauvegarde Petit-Saconnex) se sont multipliées à Genève pour tenter de faire face à la pression économique qui s’opère sur le petit territoire du canton.
L’union fait la force et c’est grâce à un comité référendaire constitué de plusieurs associations et partis politiques que nous avons réuni en pleine pandémie les signatures nécessaires à l’aboutissement du référendum puis remporté la votation municipale « Contre cette Cité de la Musique ».
On peut dire qu’aujourd’hui le front des opposant.e.s à la politique d’urbanisation s’est élargi et qu’il donne du fil à retordre aux autorités lorsqu’il s’agit de faire accepter des décision prises en amont. Toutefois la majorité du Grand Conseil dans sa composition actuelle continue de suivre les mots d’ordre tels que « densifier la ville de l’intérieur », « construire la ville en ville » pour, soi-disant, « éviter le mitage du paysage ».
Qualité pour agir
Un événement important pour notre association est survenu en été 2021 lorsque la Cour de Justice nous a reconnu la qualité pour agir au plan cantonal. Ceci revient à dire que désormais nous pouvons intenter des recours, des oppositions, toutes les procédures judiciaires jusqu’au niveau cantonal. Nos demandes de protection devront être désormais soumises aux instances du DT sans qu’il nous soit répondu que nous n’avons pas la qualité pour agir.
C’est une très bonne chose, mais c’est aussi une nouvelle responsabilité qui nous incombe. Nous n’avons pas d’avocat au sein de notre comité pour s’adonner (bénévolement) aux écritures que nécessitent les procédures. Paradoxalement et étant une association représentant la société civile, nous n’avons pas beaucoup d’historiens de l’art pour produire les études historiques nécessaires aux demandes de protection. Plusieurs de nos membres sont engagés dans la vie active et ne peuvent libérer le temps qui serait nécessaire au déploiement de SOS Patrimoine CEG.
C’est la raison pour laquelle, si nous pouvons conclure sur une note positive ce petit exposé, nous nous en ouvrons à vous ce soir lors de cette assemblée générale pour toutes les propositions constructives que vous pourriez formuler quant à la suite à donner à SOS Patrimoine CEG.
En tant que la secrétaire de l’association, je vous remercie et j’ouvre la discussion.