Lorsqu’on compose un numéro d’urgence comme le 117, on s’attend à voir surgir immédiatement les secours. Comment expliquer que lorsque qu’on parle d’«urgence climatique», rien ne se passe ou si peu. Des réunions d’experts, des conférences, des palabres, des injonctions, des conclusions … suivies de déclarations d’intention et si peu de résultats tangibles. Sans faire ici état des négationnistes. Faut-il imputer cette paralysie à une tétanie due à l’affolement ? Ou plutôt à une philosophie d’ « après moi de déluge » ! Sauf que le déluge, l’incendie, les tempêtes apocalyptiques, c’est pour « moi », pour « nous », pour « vous », maintenant.
Comment répondre à une urgence ? Par des mesures immédiates : un arrêt brusque, un stop, un changement radical de cap. Or, on n’a fait qu’éluder, depuis le Club de Rome, en se donnant du temps et en échelonnant les mesures à prendre, quand on les prend, comme si on avait l’éternité pour agir. On a euphémisé la crise avec un vocabulaire lénifiant. On parle de transition alors qu’il faut se retrousser les manches pour une révolution.
Dans ce contexte de crise, Genève proclame sa « mue » tout en continuant sur une lancée initiée par l’ancien conseiller d’Etat PLR Marc Muller, lequel, fort de son expérience politique et professionnelle, vient de publier un copieux « Droit de la construction » pour faciliter le travail déjà infiniment simple et encouragé, plus encore qu’à l’âge des Trente Glorieuses, des promoteurs immobiliers. On s’enferre dans ce qui n’est pas même une impasse, mais une fausse route, pavée de mauvaises intentions, pas durables du tout. Des paroles creuses bâties sur des hypothèses erronées. Construire pour des frontaliers qui renonceraient à la voiture en quittant maison et jardin de France voisine pour venir s’établir, plutôt s’entasser, dans l’inabordable Genève gentrifiée, et rejoindraient sur des pistes ad hoc les cohortes de trottinettes et vélos électriques. Une vue de l’esprit ! On eût pu plus facilement (faire) développer à travers le Grand Genève un système de transports en commun mobiles, autres que le Léman Express sur la ligne duquel chacun ne se trouve pas.
Cette politique de densification de la ville, déjà auparavant la plus dense de Suisse, encourage dans les faits l’afflux d’étrangers qui ne sont pas précisément des frontaliers, lesquels dans leur grande sagesse, continuent de préférer demeurer de l’autre côté de la frontière, mais de nouveaux résidents suffisamment aisés à la recherche de placements sûrs en Suisse et qui achètent sur plans l’objet de leur déconvenue à venir.
Depuis l’adoption du Plan Directeur Cantonal 2030 au pire moment, en juin 2013, alors que le GIEC avait déjà rendu maints rapports alarmants, la population assiste impuissante à l’emballement d’une machine infernale, un mouvement perpétuel de destructions et de reconstructions, prises en charge par des entreprises de travaux publics et leurs sous-traitants de sous-traitants. Dans les faits un spectacle du XXIe siècle, digne d’un Piranèse dans ce que ses Carceri avaient de pire, les bruits de chaînes remplacés par ceux des camions bringuebalants et leur cargaison de béton ! Quelles qu’aient pu être les oppositions en cascade, les procédures judiciaires en pagaille, les recours innombrables à tous les échelons de la justice et jusqu’au Tribunal Fédéral, quoi qu’il en ait coûté aux parties recourantes, inexorablement, au prétexte du logement, la scandaleuse mue obsolète a continué d’éventrer Genève, d’arracher ses arbres, de décimer sa faune et de désespérer ses habitants.
De tous ses homologues helvétiques le département du territoire est celui qui a semé la plus grande discorde et le plus grand désordre aux profits des mêmes. Or on sait que le bâtiment produit 40% des gaz à effet de serre au niveau mondial.
C’est Halte maintenant, tout de suite !
Le saccage d’une ville et d’un canton au service de la croissance. Une vision étriquée et suicidaire du développement à tout prix qui nous conduit dans une impasse. Densifier pour se donner bonne conscience et du répit…. sans penser ni agir sur les causes des problèmes (économie surdimensionnée, croissance démographique non maîtrisée et hors de contrôle…). C’est aujourd’hui le constat accablant et pourtant défendu par nos autorités dont notre magistrat « vert ».
J’aimeJ’aime
Nos actions sont commandées par l’obsession de croissance. Il semble que la croissance économique soit la seule parade aux tensions sociales car elle permet de maintenir un niveau de vie acceptable pour le plus grand nombre et de financer un filet de sécurité pour ceux qui n’ont pas accès à l’emploi. Malheureusement ce système , qui fonctionne bien en Suisse, reste fragile, comme on le voit en France par exemple. Nos dirigeants, abreuvés par les théories économiques n’ont donc plus que l’objectif de croissance en tête. Alors, pour mettre en œuvre cette croissance, ils reposent leurs politiques sur les milieux qui leur garantissent cette croissance sans prendre des risques inconsidérés que représenteraient des brèches, ou des décisions trop aventureuses. Le mieux est donc de se reposer sur des industries en place, plutôt que sur des projets novateurs. On préfère Holcim qui a permis la mise en place d’une industrie performante de la construction en béton à l’industrie du bois local, peu organisée et qui a trouvé un débouché facile en vendant toute sa production à la Chine. Donc, on continue de construire des habitations en béton puisque faute de création d’une industrie du bois performante, construire en bois est aussi cher que le béton.
Ce petit exemple illustre un autre facteur dominant de nos politiques publiques: le conservatisme. On est incapable d’innover rapidement. Et là, le frein vient autant de la peur du risque que de l’empilement des lois qui s’accumulent et s’insinuent partout. Comme les lois et les règlements sont mis en œuvre par des fonctionnaires de l’Etat, ils ne se privent pas de paralyser le système, craignant peu les conséquences de leur inaction mais beaucoup plus celles de leurs erreurs.
On en vient par conséquent à vouloir agir sur le climat en augmentant le prix de l’essence alors qu’il serait beaucoup plus efficace de réduire la vitesse générale à 30km/h en milieu urbain (vitesse rarement dépassée en raison de la congestion imposée par la politique de nos autorités qui multiplient les chicanes routières, suppriment les axes prioritaires et multiplient les feux).
Alors, tant qu’à faire, restituons un peu de liberté (donc moins de feux ) mais imposons un 30 km/h généralisé en ville.
Mais tout ceci ne seraient que de faibles mesures pour agir sur le climat au point où nous en sommes.
Or, comme on l’a entrevu, nous consommons toujours plus car les processus industriels le permettent et l’encouragent. Ainsi, nous avons pris le contrôle de toutes les espèces animales pour faire disparaître la plupart d’entre elles lorsqu’elles ne servaient pas nos objectifs et pour organiser des élevages de production ultra organisés pour répondre à nos besoins de consommation à l’exclusion de tout autre critère.
Ainsi nous avons mis nos terres au service de l’agriculture et l’agriculture au service de ces élevages pour boucler la boucle – où peut-être pas tout à fait car il reste à savoir qui de nous ou des industriels quels sont les véritables bénéficiaires du processus de dévastation ainsi enclenché. Le problème est que personne n’ôte toucher à un système si bien rôdé. Et surtout pas les politiciens.
Pourtant, nous voyons bien que ce système est bancal car il porte atteinte à notre environnement, est inéquitable puisqu’il repose sur des déséquilibres multiples entre espèces, entre populations, qu’il épuise nos ressources, tout cela indépendamment des question climatiques dont l’origine remontent probablement à d’autre facteurs qui dépassent largement l’impact de nos actions sur la nature.
Il y a en effet des cycles d’activité solaire ou dès modification très légères de l’orbite de notre planète qui peuvent avoir une incidence notable sur les catastrophes naturelles que nous observons.
Certes, il y a une catastrophe bien réelle que nous vivons et que nous ne maîtrisons pas: c’est la croissance de la population mondiale en un siècle. Et là, il y a de quoi s’inquiéter car nous trouvons tous les remèdes pour améliorer la sécurité sanitaire de cette population mais rien pour contenir une population qui ne fait que croître mais qui échappe à l’éducation, à la culture, à une amélioration raisonnable de son bien-être.
Pourquoi sommes-nous particulièrement réceptifs aux alertes que la nature nous envoie en matière de catastrophe ? Probablement parce que ces catastrophes touchent nos bien, ceux que nous accumulons et ceux dont nous observons la destruction par le feu, les inondations et les forces telluriques.
Mais, c’est bien à cause de notre présence en des lieux exposés que nous percevons les forces naturelles. Les lieux où nous ne sommes pas présents et où se produisent les mêmes phénomènes sans personne ne nous alertent pas.
J’aimeJ’aime
Excellent billet!
J’aimeJ’aime
“Plan Directeur Cantonal 2030”, “cargaison de béton”, “éventrer Genève”, “le bâtiment produit 40% des gaz à effet de serre au niveau mondial”:
à titre d’exemple, voir http://chng.it/gZDxZ7Bz (émission programmée d’un million de tonnes supplémentaires de CO2 à Genève).
J’aimeJ’aime
“Plan Directeur Cantonal 2030”, “cargaison de béton”, “éventrer Genève”, “le bâtiment produit 40% des gaz à effet de serre au niveau mondial”:
à titre d’exemple, voir http://chng.it/gZDxZ7Bz (émission programmée de quatre millions de tonnes supplémentaires de CO2 à Genève).
J’aimeJ’aime
Effectivement, la densité de population à Genève est 3 fois plus élevée que celle de Shanghai, qui compte près de 24 millions d’habitants.
J’aimeJ’aime