Les journées « off » du patrimoine

Mises sur pied en moins d’un mois par le mouvement « Contre l’enlaidissement de Genève », les Journées « off » du patrimoine se sont déroulées parallèlement aux Journées européennes du patrimoine 2017 à l’occasion desquelles le Canton de Genève proposait 21 manifestations autour de la thématique Héritage du pouvoir qui ont remporté un grand succès mérité. Soucieux de se questionner plus largement sur le bien commun (patrimoine, végétation, environnement, qualité de vie, etc.), désireux d’inclure la discussion patrimoniale dans la perspective du développement de la ville et du canton, « Contre l’enlaidissement de Genève » a proposé un programme de 7 visites complémentaires qui ont permis d’aborder autrement la question du patrimoine au sens large.

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Alors que les effets globalement destructeurs de la loi sur les surélévations et du Plan directeur cantonal 2030 se font clairement jour sur le territoire genevois, entraînant une quotidienne et évidente perte patrimoniale, à l’issue de procédures souvent opaques, « Contre l’enlaidissement de Genève » a choisi d’exemplifier la chose à travers différents parcours thématisés autour de points sensibles en danger comme les zones villas, les grands domaines, le skyline de nos artères urbaines et l’exceptionnel site de la rade.

Des usagers, des habitants, des propriétaires ont participé à ces visites, donné leur avis, partagé leurs connaissances des lieux. Intéressés par leur cadre de vie, les participants ont posé de nombreuses questions sur les rouages de l’administration, le cheminement des dossiers et l’octroi des autorisations de construire. Ils se sont souvent exprimés sur le peu d’écoute de leur point de vue et de leur sensibilité. Tout porte à croire que les soi-disant processus de concertation ressemblent davantage à des stratégies top down que bottom up (dans le jargon!). A se demander quelle est encore la marge de manoeuvre en matière d’urbanisme pour le citoyen lambda, si ce n’est de recourir aux instruments politiques classiques que sont le referendum et l’initiative, comme l’exemplifient récemment les referendums aboutis au Petit-Saconnex et sur la commune de Bernex.

Les visites organisées au Point-du-Jour, à Cointrin Ouest et à Grange-Canal/Chêne-Bougeries ont mis l’accent sur des poches de villas prévues densifiées tant dans les scénarios de la Ville que de l’Etat. Selon les cas, l’avancement des dossiers n’en est pas au même stade, que l’on ait des plans localisés de quartier (PLQ) en force ou que le changement en zone de développement n’ait pas encore été effectué. Dans tous les cas de figure, la pression des milieux immobiliers est telle que les propriétaires se voient littéralement harcelés pour vendre leur bien. Or, à l’heure actuelle, on se trompe de cible en diabolisant l’entier des zones villas. De nombreux témoignages de riverains habitant des immeubles ont pointé l’agrément pour tous et l’intérêt général que représentent ces poches de verdure. A l’arrière de la Servette c’est tout un quartier très dense qui tire profit des jardins fleuris et des oiseaux dans les arbres.

La densification des anciens domaines, possible dans des limites raisonnables comme l’a rappelé Gilles Gardet, ancien directeur de l’aménagement, à la Malvande, est un autre problème crucial. Le bourrage auquel souhaitent se livrer certains propriétaires en outrepassant le protection des rives du lac et les indices de densité pourtant énormes du PDC2030 est affligeant. On ne peut agir face à une maison de maître et ses dépendances parfaitement conservées comme sur un terrain à bâtir dans la pampa. Même triste abus sur la commun de Chêne-Bougeries où subsistent des demeures et où disparaissent nuitamment des maisons Puthon pourtant protégées.

Les surélévations de la Servette exemplifient presque tous les cas de figures de l’ajout des étages selon qu’elles datent d’avant la fameuse Loi sur les surélévations ou d’après. Ce grand axe qui de l’aéroport mène à la gare, puis au lac, devrait être une carte de visite pour Genève. En lieu et place elle a perdu ce qui lui restait d’homogénéité par l’augmentation désordonnée des gabarits au coup par coup, chaque architecte y allant de son dessin génial sans se préoccuper aucunement de l’ensemble de la rue. Et sans se préoccuper parfois non plus des occupants! L’auguste cinéma Nord-Sud, qui a vu son enseigne dégringoler, soutient sa marquise avec des poteaux de chantier sous l’empilement des nouveaux étages dont on ne comprend pas la présence en regard du bel ensemble contigu de Théo Cosson.

A coup sûr les off ont pointé quelques uns des problèmes qui menacent notre patrimoine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une réflexion sur « Les journées « off » du patrimoine »

  1. J’espère que vous allez mettre en avant toutes les qualités du théâtre actuel de Carouge, qui est l’un des plus beaux projets d’architecture des années 70, et que l’on veut remplacé par un médiocre projet!

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