Petite analyse de manchettes de la presse locale : Genève – La rade se rêve en grand ou Trois idées pour une rade enfin attrayante

Trouver le slogan d’une manchette de journal, ce n’est évidemment pas faire dans la dentelle. Le journaliste qui a inventé celui de la Tribune de Genève du 11 mai 2017, lendemain de l’annonce des lauréats du Concours d’idées La Rade, lancé par Guillaume Barazzone en novembre 2016, a, quant à lui, carrément fait dans la serpillière : « Trois idées pour une rade enfin attrayante ». Le journal Le Matin a étonnement montré plus de tenue avec son motto : « Genève – La rade se rêve en grand ». Ces deux affichettes ont évidemment retenu toute notre attention, comme elles auront certainement frappé le quidam pas trop lobotomisé. Capter et retenir l’attention, tel est bien entendu le but d’une affichette de caisse à journaux. Surtout de nos jours, quand on sait comment (peu bien) se porte notre bonne presse … Enfin je dis bonne …

 

FullSizeRender(1).jpgTrès inspiré, l’auteur de « la rade se rêve en grand » fait la part belle à la rêverie, celle d’un politicien solitaire et de quelques fonctionnaires en quête de hauts faits … Avec eux ce sont les concurrents qui ont rêvé et qui se sont imaginés poser leur(s) griffe(s) sur ce site exceptionnel, « ce joyau » si bien décrit par tous. Percerait-il tout en sourdine une charge ironique envers le concours et ses projets oniriques ? Des projets qui resteraient de papier et d’imaginaire, mais qui seraient grands.

Pourtant, à bien relire la manchette du Matin, ce ne sont pas tant les politiciens ou les architectes qui ont en l’occurrence rêvé. C’est la rade elle-même qui se rêve … en grand ! Par l’emploi de ce pronominal de génie, voilà la rade personnifiée, promue au rang d’actrice d’elle-même et de son grand, pour ne pas dire grandiose, avenir. Cette importance donnée à la rade est une trouvaille magnifique. Cette rade-même, qui est au centre des préoccupations et des convoitises ; celle que caressent ou tripotent les maîtres d’œuvre ; celle qui peut servir de tremplin ou de tombeau. Elle est l’héroïne incontestée de la fable qui se joue, chose qu’a bien traduite le journaliste du Matin.

 

FullSizeRender.jpgPar comparaison l’intitulé « Trois idées pour une rade enfin attrayante » nous paraît bien pauvre. La traduction est vite faite. Pour l’heure la rade est dépourvue d’attraits, voire laide, raison pour laquelle des centaines de badauds, touristes, promeneurs, patineurs, joggeurs … de Genève et d’ailleurs s’y précipitent à la première occasion, par tous les temps. Nous serions-nous tous trompés ? La rade avec ses deux plages historiques (nous ne comptons pas encore la troisième à venir …), ses jetées, ses aménagements paysagers, son Jardin Anglais, son Jet d’eau ne serait-elle qu’un laideron en attente de la baguette magique du Maire pour la transformer en princesse charmante ?

Il est clair en tout cas que le journal soutient la ligne des élus. On ne sait pas comment imaginer l’auteur dudit slogan. Jeune ou immature pour penser que ce que l’on produit aujourd’hui est forcément meilleur que ce que l’on a réalisé hier. Flagorneur pour caresser le représentant du pouvoir dans le sens du poil … on ne sait jamais ; ça peut servir de se montrer acquis aux idées des édiles. Mainstream, en pensant, comme celles et ceux qui suivent le mouvement, pourvu que ça bouge ! Borgne ou, pire, aveugle, pour ne pas avoir vu la beauté et l’attractivité actuelle des aménagements lacustres (qui ont tout au plus besoin d’un toilettage). Inculte, sans référence, n’ayant jamais soumis à la comparaison les autres villes lacustres et balnéaires (Il y a des livres entiers sur ces sujets désormais) ? Pire, méprisant, s’il s’imagine représenter de quelque façon que ce soit la pensée du lectorat de La Tribune de Genève.   

 

2 réflexions sur « Petite analyse de manchettes de la presse locale : Genève – La rade se rêve en grand ou Trois idées pour une rade enfin attrayante »

  1. Je peine à comprendre la démarche. Il s’agit déjà de voir ce que va donner cette fameuse plage.
    Mais surtout, la seule véritable action qui donnerait véritablement toute sa valeur à notre Rade, c’est de virer les bagnoles. Seulement voilà, à cause de la gauche et des Verts, la traversée à été refusée. Il faudra donc faire du U Lacustre une semi-autoroute. Dans le genre incohérent, on fait difficilement mieux.

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  2. J’avais gagné un concours pour re-naturé le quai Wilson il y a 20 ans, des toute façon rien de se fera, ou remy pagani donnera le projet à ces architectes officielles, ceux qui ont bétonné toutes les places du centre de Genève ces dernières années!

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