Une conférence vient de s’achever au Caire réunissant à l’initiative du chef suprême des antiquités égyptiennes, Dr Zahi Hawass, les pays du Sud protestataires face aux Pays du Nord « prédateurs ». L’Egypte revendique notamment pour elle-même la restitution de la fameuse et très controversée Nefertiti, orgueil de Berlin, et la Pierre de Rosette qui se trouve au British Museum.
«Hawass décomplexe d’autres pays», peut-on lire dans Le Temps. « Le Sud se ligue pour récupérer ses antiquités » affiche Le Figaro. Une quinzaine de pays réunis au Caire les 7 et 8 avril derniers ont dressé la liste des principales oeuvres « volées », détenues dans les musées européens et américains, qu’ils souhaitent voir revenir au pays. Cette demande de restitution d’objets sortis dans des conditions plus ou moins légales (illégales?) s’appuie sur la convention déjà quadragénaire de l’Unesco (1970) relative à la protection des biens culturels et à laquelle les pays détenteurs ont généralement jusque là fait la sourde oreille.
A la condescendance toute-puissante des Occidentaux s’oppose maintenant l’émergence, tardive mais prévisible de longue date, des pays lésés. Ce phénomène post-colonial participe de la réappropriation des symboles des identitiés culturelles et les pays expropriés se dotent d’institutions muséales, propres à abriter et conserver ces chefs-d’oeuvres de l’Humanité.
Ainsi la Grèce vient-elle de consentir à de gros efforts en construisant l’énorme musée flambant neuf qui dialogue avec le Parthénon (mais entre nous encombre le vieux quartier pittoresque de Plaka de sa très lourde stature). Bernard Tschumi, gagnant du concours lancé à cet effet, a prévu au dernier étage de la nouvelle construction, dressé dans l’enveloppe de verre, un ersatz de temple aux dimensions du Parthénon dont les murs lisses attendent la célèbre frise qui ne quitte toujours pas le British Museum. Même si les conditions de conservation, aux yeux des réglementations internationales, sont cette fois totalement remplies.
C’est la Grèce entière, écoles, groupes, touristes, qui défile dans ce nouveau temple dédié à l’art antique, pour un euro symbolique pendant une année. Tout un peuple grec qui se contemple et contemple sa gloire passée, celle d’un berceau de notre civilisation.
Une journée d’études intitulée Trafic illicite, Spoliations et Fouilles clandestines : quelle est la déontologie à respecter par les Musées? est organisée à l’initiative du Master avancé en Conservation du patrimoine et Muséologie des Beaux-Arts de l’Unité d’histoire de l’art de l’UNIGE. Cette journée, ouverte au public et mise sur pied par Cäsar Menz, avec les Musées d’art et d’histoire et le Centre du droit de l’art de l’UNIGE, aura lieu à l’auditorium du Museum d’histoire naturelle le 27 avril prochain. Le débat autour de ces questions brûlantes pourra se poursuivre là.