Deux étudiantes en Lettres de l’Université de Genève, Jennifer Burkard et Jessica Mastrototaro, ont convoqué une hier une conférence de presse pour déplorer les conditions de travail qui sont les leurs à Genève. L’incendie de l’ancienne Ecole de chimie a encore dégradé des conditions de travail qui étaient déjà précaires jusque là. Plusieurs étudiants et un grand nombre d’enseignants d’allemande, d’anglais, d’italien, d’espagnol, de musicologie et d’histoire de l’art, ainsi que des bibliothécaires étaient présents pour témoigner leur solidarité et dire le triste sort réservé à la Faculté des Lettres, parente pauvre de l’Université.
Quelle réponse pour l’heure à ces justes doléances? Le « Grand projet » pour la Faculté des Lettres (un impossible Grand Louvre de l’UNIGE), repoussé d’année en année. Ce Grand Projet prévoit le remaniement du bâtiment des Bastions et de l’Ecole de Chimie. Il suscite à juste titre la réticence de la Commission des Monuments et des Sites, puisque le parti choisi (cette forme d’iconoclasme n’arrive décidemment qu’à Genève!) crève largement le toit du bâtiment des Bastions pour y placer la « Grande bibliothèque » de la Faculté des Lettres! Le sort de l’ancienne Ecole de Chimie est donc étroitement lié à celui de l’Université de Carl Vogt qu’on se propose de reprofiler (et c’est un euphémisme), sans doute pour fêter dignement son 450e!
La directrice de l’Office des Bâtiments de l’Etat de Genève répète avec obstination qu’il n’est pas question d’engager des travaux de remise en état à l’Ecole de Chimie avant que le Grand Projet ne soit adopté. Chère Madame Prini Saggio, votre obstination est de mauvais aloi! Il vous faudra bien délier les cordons de la bourse pour assurer cet entretien minimum réclamé par les étudiants et les enseignants pour assurer un tant soit peu de confort et de sécurité! Il y a trop longtemps que la Faculté des Lettres est le quart monde de l’Université de Genève.
http://www.tdg.ch/geneve/actu/ne-veulent-uni-ruine-2008-12-16
Faculté de Lettres parente pauvre de l’Université ? Et pourquoi donc. L’Université serait-elle devenue la « pute » des entreprises qui la paient pour fournir des prestations rentables, soutenues dans la recherche par des grands groupes qui la financent, influencent les recherches en vue de conclusion partiale. Alors évidemment la Fac de Lettres sous cet angle ne sert pas à grand-chose, ça rapporte même rien . Mais vous savez quoi ? Des gens qui arrivent encore à comprendre, à écrire, à analyser un texte dans son fond et sa forme, ce sont certainement eux qui sauveront peut-être le monde. Ils nous faut des penseurs et pas essentiellement des pensés (on pense à leur place et on les paie pour ) .
Défendons avec acharnement les études humanistes !
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La paupérisation des parties non immédiatement rentables des Universités est un phénomène mondial, d’après ce que j’ai constaté de l’intérieur en Australie à ses débuts au tournant des années 80-90 du siècle dernier, et un ancien vice-recteur de l’ANU (Université nationale d’Australie à Canberra) me disait il y a trois ans que en économie l’on ne formait plus que des « managers » et qu’il ny avait pas de relève dans les aspects plus fondamentaux de la discipline.
Comment Genève échapperait-elle au phénomène, alors que l’on aime tant chez nous passer pour des précurseurs en se hissant sur les expériences, parfois très douteuses, des autres, comme cela s’est passé, même si c’est souvent de manière plus ou moins dissimulée, dans les domaines du management, de l’éducation, de la psychologie et bien d’autres. Je ne parle pas des nécessaires et féconds échanges et emprunts entre cultures, mais plutôt de serviles sousmissions à des modes qui permettent à quelques-uns de faire bonne figure à bon marché (pas nécessairement pour les citoyens) dans les hit-parades de ce que l’on appelle innovation.
Beaucoup de veaux d’or (je ne parle pas de personnes) se sont déjà effondrés, dans le domaine financier surtout et d’autres vont suivre (voir à ce propos le blog de Philippe Souaille), il est donc possible que le vrai savoir, le bon sens et un certain respect des vraies et grandes traditions locales représentées par des savants dont les noms sont connus, mais citons simplement, puisqu’il est question de la Faculté des Lettres, celui de Ferdinand de Saussure, retrouvent leur juste place, soit avant l’avidité et l’appât du gain (dont nous parle le blog du Professeur « Dédé la Science »).
Un petit ennui cependant: on manquera cette foi-ci vraiment d’argent pour concrétiser les projets … Mais quelqu’un en tirera sûrement profit.
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On a construit Uni Mail, pourquoi ne pas l’avoir sur-dimensionné en son temps(mettre 2 étages supplémentaires) afin d’anticiper l’avenir alors que la politique de démocratisation des études universitaires battait son plein. On aurait pu supposer un doublement du nombre des étudiants avec une telle politique. L’anticipation à tous les niveaux de la gouvernance genevoise fait toujours défaut.
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